L'anxiété de performance, partie 2: la propagande de l'orgasme
Atteindre l’orgasme c’est définitivement plaisant, mais on se demande si le discours autour de l’orgasme alimente l’anxiété de performance. Dans cette partie de notre série sur l’anxiété de performance, notre équipe vous explique comment la quête pour l’orgasme à tout prix pourrait augmenter l’anxiété de performance.
Vibrations
Dans l’industrie des jouets érotiques, et plus récemment dans l’industrie de la santé sexuelle, les vibrations sont l'une des caractéristique principales d’une majorité des objets sur le marché. Depuis leur apparition en tant « qu’aide médicale » pour guérir l’hystérie féminine vers la fin des années 1800, les vibrations sont utilisées comme un aspect essentiel pour aider les femmes à atteindre l’orgasme et même parfois pour les aider à surmonter leur anorgasmie. Comme vous pouvez l’imaginer, en tant qu'entreprise qui offre des produits sans vibrations et qui vise la reconnexion de nos clientes avec leur corps, nous avons une vision mitigée sur l’utilisation de vibrations. Deux problèmes sérieux peuvent survenir lors de l’utilisation régulière (et quasi exclusive) de vibrations :
- L’utilisation régulière des vibrations créer un effet de «plateau» qui nécessitera l’augmentation de la force de vibrations avec le temps. Cet effet de plateau est causé par le cerveau qui s’accoutume progressivement à ce type de stimulation et, après un certain temps, demande plus d’intensité afin d’atteindre le même niveau de plaisir.
- Lorsque tous les efforts marketing de ces produits sont dirigés vers le temps qu’il vous faudra pour atteindre l’orgasme, le message qui en ressort c’est que la seule composante d’une vie sexuelle accomplie c’est le nombre d’orgasmes atteints et le temps qu’il vous aura pris pour atteindre ceux-ci.
En centralisant le discours autour de l’atteinte de l’orgasme à tout prix grâce aux vibrations, nous concentrons encore le discours sexuel autour des statistiques, sans inclure les notions de découvertes, jeux ou émotions.
L'orgasme dans le discours féministe
Il nous aura fallu des milliers d’années, mais de plus en plus la culture occidentale reconnait le droit des femmes d’éprouver du plaisir et d’atteindre l’orgasme au même niveau que les hommes. C’est définitivement une énorme avancée culturelle et une percée importante pour le mouvement féministe (yay!).
Mais avons-nous mis trop d’emphase sur l’orgasme sans parler du plaisir en général?
De nos jours, certains partenaires définissent la qualité d’une relation sexuelle par le nombre d’orgasmes qu’ils ont été en mesure de donner à leur partenaire. Nous sommes tous pour plus de plaisir, mais se donner un objectif de ce genre met une énorme pression sur les deux partenaires, encore plus lorsqu’on apprend qu’une femme peut nécessiter jusqu’à 45 minutes de stimulation avant d’atteindre l’orgasme. Ne penser qu’à l’atteinte de votre orgasme vous déconnectera de votre corps et vous frustrera, ce qui vous empêche d’atteindre l’orgasme. En ne vous concentrant que sur l’objectif, vous vous déconnectez du moment présent, de vos sensations et cela diminue même votre niveau de plaisir ressenti.
La licorne de la sexualité à deux: l'orgasme simultané
Si l’orgasme est maintenant l’objectif à atteindre dans toutes les relations intimes, l’orgasme simultané est probablement dépeint comme l’accomplissement suprême d’un couple. Que ce soit dans les films pop, la porno ou même la littérature, l’orgasme simultané représente la connexion suprême entre les deux partenaires.
Voici une petite histoire qui peut vous montrer jusqu’à quel point cette « performance » peut être dangereuse. Dans le documentaire Orgasm inc., on expose ce que l’industrie pharmaceutique à voulu faire suite à la domination du marché par viagra, c’est-à-dire trouver un nouveau marché encore inexploité : la sexualité chez les femmes. Dans ce documentaire on rencontre une dame qui atteint l’orgasme, soit par elle-même soit lors de relations avec son partenaire, mais jamais de manière simultanée. Pour aider cette femme, un médecin lui propose une opération chirurgicale qui lui permettra d’atteindre l’orgasme simultané. L’opération consiste à lui implanter un système électrique directement dans la colonne vertébrale. Grâce à ce système, la dame pourra, à l’aide d’une télécommande, activer un signal électrique qui parcourra sa colonne vertébrale jusqu’à son cerveau pour déclencher un orgasme. Inutile de vous dire à quel point une telle opération est dangereuse.
En décrivant l'orgasme simultané comme l'expression même de la réussite du couple les médias ont créé un objectif quasi impossible à atteindre. Évidemment, peu de personnes iront jusqu'à une opération chirurgicale pour remédier à ce problème, mais cet exemple illustre bien la pression de performance créée par le fantasme du coït simultané.
Conclusion
En concentrant le message féministe et d’émancipation sexuelle autour du droit à l’orgasme, nous avons peut-être créé un nouveau message erroné qui induit de la pression de performance : sans l’atteinte de l’orgasme de la part des deux partenaires, les relations sexuelles et les moments intimes sont incomplets. Nous voyons beaucoup d’exemples de ce message culturel sur de nombreux forums à travers le web, plusieurs femmes demandent comment atteindre l’orgasme à chaque fois? La réponse rapide serait : arrêter de vouloir atteindre l’orgasme.
Pourquoi ne pas simplement apprécier et prendre du plaisir dans chaque moment, et avoir un orgasme si cela se produit?
Dans la dernière partie de notre série sur l’anxiété de performance, nous vous donnerons quelques trucs pour surmonter l’anxiété de performance.
↩️Retournez lire la Partie 1: L'anxiété de performance partie 1 - la perception de la sexualité
➡️ Poursuivez votre lecture: Série sur l'anxiété de performance, partie 3: comment surmonter l'anxiété de performance